Gloria est la dernière tempête à avoir frappé la région. Fin janvier 2020, l’équivalent d’un hiver de pluie s’est abattu en trois jours sur l’Aude et le Roussillon, inondant une dizaine de transformateurs du Carcassonnais. Près de quatre-vingts techniciens ont été mobilisés par Enedis, l’opérateur du réseau public de distribution d’électricité, renforcés par des équipes venues des départements voisins. Une fois les réparations faites, la numérisation du réseau a permis d’interroger à distance des groupes de compteurs Linky pour s’assurer que les clients avaient retrouvé l’électricité. La quasi-totalité était réalimentée soixante-douze heures après le début de la tempête.

Le Languedoc-Roussillon est coutumier de ces aléas. Chaque commune est dotée d’un “correspondant tempête” les yeux d’Enedis sur le terrain. Pour gagner en réactivité, ils signalent arbre tombé ou route coupée afin que des équipes soient dépêchées sur place. Désormais, grâce à Linky, Enedis apprécie également l’état du réseau par rue, par quartier ou par village en interrogeant à distance les compteurs. Aux dernières inondations, l’opérateur connaissait la situation du réseau d’électricité, parfois même avant que les clients ne signalent des pannes ! Enedis communique alors avec les clients, leur indiquant quand et comment le retour de l’électricité va se faire, par le réseau de distribution ou par groupe électrogène.

Contrôler sa consommation

Après la tempête, c’est le confinement qui a vu se multiplier les opérations à distance. Lors du premier confinement Enedis a réservé les déplacements de techniciens aux interventions essentielles. Plus de 80 000 opérations se sont faites via Linky : augmentation de puissance, relevé de compteur, réglage de disjoncteur, mise en service ou résiliation… Sans rendez-vous ni contact physique, sans contrainte ni risque. Cette gestion à distance profite aussi aux nombreux propriétaires de résidences secondaires. Le relevé de leur compteur se fait “tout seul”. Et grâce aux applications dédiées développées par les fournisseurs ou Enedis, ils maîtrisent leur consommation via leur smartphone. Les temps ont bien changé depuis l’époque où l’abonné devait être présent pour donner accès au compteur. C’est tout l’intérêt du réseau numérique.

Anticiper avec Linky

Cette modernisation s’expérimente au Syndicat départemental d’énergies et d’électricité du Pays Catalan (Sydeel 66). L’application “Mon Eclairage public”, conçue et développée par Enedis, y est testée depuis novembre 2019. Les données de consommation, transmises chaque jour par les compteurs Linky de 200 points de livraison, sont analysées et mises en perspective. Ecarts de puissance ou de consommation déclenchent une alerte. Les données recueillies permettent d’anticiper les défaillances du réseau. Lionel Vidal, directeur général du Sydeel 66, explique : « Dans une petite commune où l’habitat est très dispersé, nous avons été les premiers informés d’une panne d’éclairage public alors que nous étions les plus loin. Grâce à Linky, nous avons vu que la consommation était tombée à zéro. Un câble s’était rompu à cause d’un défaut d’élagage. Un câble à terre menace la sécurité des usagers : il faut intervenir au plus vite. » L’ampleur de la baisse de consommation permet de déterminer le type de panne. « On arrive à savoir si le problème touche un ou plusieurs de nos 13 000 points lumineux, un départ d’armoire électrique ou une armoire entière, indique Lionel Vidal. On apprend à analyser les retours de l’appli. On identifie les pannes en amont, sans se déplacer. Grâce aux alertes on planifie les interventions de la journée, avec d’importants gains de temps et de moyens. » Les données recueillies par les compteurs Linky permettent de constater très rapidement l’impact de la rénovation de l’éclairage public sur sa consommation : « La différence est visible en 24 heures pour la commune concernée. Cette avancée technologique répond au besoin croissant de maîtrise budgétaire des collectivités locales, dont les dotations sont en baisse constante. » Le déploiement de Linky, commencé début 2019, devrait se terminer à la fin de 2021 dans la région. Et offrir à toutes les communes et à tous les clients la possibilité de tirer parti d’un réseau modernisé et communicant.

Objectif : devenir la première région à énergie positive d’Europe en 2050.